@ L' HERMIONE , la Beauté Charentaise !
Bataille de Chasepeake ( Etats Unis 5 septembre 1781 )
Histoire de l'Hermione
L’Hermione était un navire de guerre dessiné en 1777 par l’architecte Henri Chevillard, construit en onze mois et mis en service en 1779 depuis l’arsenal du port de Rochefort.
Cette frégate (bâtiment plus léger et plus maniable qu’un vaisseau de ligne), mesurait 46,50 mètres de long, son grand mât faisait 56,5 m de haut et son artimon 35. Elle avait une voilure de 2 200 à 3 315 m carrés et pesait 1 166 tonnes à vide. Elle était armée de 34 canons (dont 26 de 12 livres et 8 de 6 livres), et servie par un équipage de 255 à 316 marins.
Un an après sa mise en service actif, après une campagne à succès contre les corsaires et les navires marchands anglais, l’Hermione, commandée par le futur amiral Latouche-Tréville, emmène Marie Joseph Gilbert Motier, Marquis de La Fayette, dans son deuxième voyage en Amérique où il annonce à Georges Washington l’arrivée imminente des renforts français chargés d’aider les insurgés américains dans leur lutte pour l’indépendance.
Pendant plusieurs semaines, elle participe avec succès à plusieurs combats contre la flotte anglaise. On retiendra notamment la bataille du cap Henry dans la baie de Chasepeake, le 16 mars 1781, où elle participe activement au blocus décisif qui privera l’anglais Cornwallis de ses renforts et précipitera sa capitulation à Yorktown, mais aussi la bataille de Louisbourg au Canada, le 21 juillet 1781, où seule avecl’Astrée de La Pérouse elle attaque et met en fuite tout un convoi anglais. Le 4 mai 1781, elle reçoit à son bord les membres du tout jeune congrès américains.
C’est ce voyage qui a valu à l’Hermione le nom de «Frégate de la liberté».
Elle regagne la France en février 1782 avant de rallier l’océan indien pour renforcer l’escadre française de Suffren dans son combat contre la Royal Navy pour le contrôle du golfe du Bengale. Elle retourne à Rochefort en avril 1784.
L’Hermione reprend le combat contre l’Angleterre, depuis le port de Nantes, mais cette fois au service de la Convention révolutionnaire. Positionnée dans l’embouchure de la Loire, elle va notamment servir en soutien aux forces républicaines engagée dans la guerre de Vendée.
Le 20 septembre 1793, servie par un équipage peu expérimenté et un pilote totalement incompétent, l’Hermione s’échoue à marée descendante sur les rochers du plateau du Four, devant la pointe du Croisic. La coque se perce et se remplit rapidement d’eau. La frégate bascule et se couche sur le flanc tribord avant de sombrer définitivement.
C’est la mort de l’Hermione, et la naissance de sa légende
La Renaissance
L’histoire de la résurrection de cette frégate légendaire est extraordinaire. En 1997, quelques passionnés de Rochefort se lance dans un projet fou : reconstruire la célèbre frégate de La Fayette, à l’identique, en faisant au passage revivre l’arsenal de la ville et les métiers de l’époque.
Les plans de la première Hermione avaient été perdus depuis fort longtemps. Il a donc fallu recourir aux plans de sa frégate jumelle, La Concorde, fort heureusement préservés par les anglais (!!!) qui l’avaient capturée en février 1783 et en avaient établi des relevés très précis pour comprendre et copier les techniques réputées des chantiers navals de Rochefort.
Des modifications substantielles ont été apportées à ces plans, mais uniquement pour améliorer la solidité, la sécurité du navire, tout en l’adaptant aux contraintes de navigabilité modernes. Les boulons métalliques ont remplacé les chevilles de bois, un moteur a été ajouté, ainsi que des groupes électrogènes dispensant de l’éclairage et un peu de confort de vie. De plus, et c’est une précision qui n’a rien d’anecdotique, les canons ont été allégés et surtout rendus inopérationnels, à défaut de quoi le navire aurait été considéré… comme un véritable bâtiment de guerre. Quant à l’aspect extérieur, c’est à partir de (trop) rares peintures de l’époque représentant la frégate qu’il a pu être reconstitué.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 65 mètres de long, 47 mètres de haut, trois mât dont le plus grand s’élève de 54 mètres au-dessus de la quille, plus de 2000 chênes issus des fôrets française spécialement sélectionnés pour la construction, plus de 400 000 éléments de bois à assembler au total, un millier de poulie, des kilomètres de manœuvres de chanvres, plus de 1500 m² de voilure en lin… Des dizaines de bénévoles et des artisans de plusieurs pays ont été sollicités pour mener à bien ce chantier gigantesque qui aura duré dix-sept ans.
Après plusieurs semaines d’un entraînement nécessaire pour former l’équipage et effectuer les tests nécéssaires, l’Hermione prend le large ce samedi 18 avril 2015 pour rallier les Etats-unis.
Festivités avant le départ :
L'Hermione sous le Pont Transbordeur
Le long de la Charente
Arrivée en mer
Croise l'Ile d'Aix
Se dirige vers Fort Boyard
Elle passera au large du Phare de Chassiron
pour entamer son long périple
Yann Cariou à la barre
Au revoir Beauté Charentaise ! Et à bientôt !
Hermione-La Fayette. Essai en mer avant la... par Letelegramme